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«J'ai voulu me suicider» (25/02/2006)
Diam's nous ouvre sa bulle. Son nouvel album passe en revue ses peines, ses joies, ses combats...
BRUXELLES Deux journées marathons que celles passées à Bruxelles par Diam's. Mercredi et jeudi derniers, la rappeuse française enchaînait les interviews et les rencontres avec les fans à l'occasion de la sortie de son tant attendu nouvel album Dans ma bulle, successeur de Brut de femme, gros carton commercial. Annonçons la couleur: jamais un acteur du hip-hop, une actrice dans ce cas-ci, ne s'est autant livré. Le voyage dans le passé, le présent et l'avenir de l'artiste est fait d'étapes joyeuses mais surtout douloureuses. De coups de gueule aussi venant d'une douce grande gueule...
Le nom de votre nouvel album donne le ton. Quel était l'objectif?
«Dans ma bulle a un double sens. C'est à la fois se protéger du monde extérieur mais aussi reconnaître que mon monde à moi n'est qu'une petite bulle par rapport à la terre entière. Je me rends bien compte que tout le monde n'a pas la même perception des choses que moi. Résultat: j'invite les gens à entrer dans ma tête, dans mon coeur. J'ai toujours ressenti le besoin de me conter sur feuille, mais pas de parler de moi. J'ai trouvé dans l'écriture un aspect thérapeutique. J'ai besoin de libérer mon mal, mes doutes, mes craintes, mes peines...»
Avez-vous déjà consulté?
«Oui. Je suis une enfant que les psys n'ont pas su apprivoiser. En fait, le rap a réussi là où les psys ont échoué. Quand je prends un stylo et une feuille, je le fais pour moi. Je ne pense pas du tout à l'exposition et au fait que mes écrits vont appartenir à d'autres. J'admets mes craintes et mes faiblesses. Ces acceptations font de moi quelqu'un d'humain et je comprends que des personnes puissent se retrouver dans mes chansons.»
Comment fait-on pour se relever d'un succès commercial comme celui de Brut de femme?
«On m'a fait comprendre qu'on m'attendait au tournant. Mais pour moi, il n'y a pas de tournant, il n'y a qu'une ligne droite. Je n'ai jamais fait de la musique pour connaître la gloire. Pendant un an et demi, je suis restée dans ma bulle. J'ai écrit au gré de la vie, des humeurs. Les gens ont apprécié ma sincérité dans Brut et j'ai juste décidé de rester la même.»
Dans Ma France à moi, vous dressez le portrait d'une France qui dérange. En êtes-vous consciente?
«En fait, je voulais dresser un parallèle entre la France que je fréquente avec ses modes de vie et les autres France. Notamment celle qui est décrite à l'étranger par la baguette, le vin, Les Choristes... La France gentille avec le héros parfait. Mais la France, c'est aussi celle qui laisse crever des personnes âgées durant la canicule.»
Votre France à vous est-elle suffisamment entendue?
«On ne la connaît pas. On n'a pas entendu la France qui s'est récemment exprimée par la violence. On n'a pas cherché à savoir pourquoi elle a gueulé. On lui a juste dit: soit tu arrêtes, soit on te met en prison.»
Dans Feuille blanche, vous évoquez votre égoïsme dans l'amour...
«Dans la vie, on a tout pour être heureux, mais l'amour ne suffit pas. Le conjoint fait l'effort d'être là, mais l'autre n'a qu'une idée en tête: assouvir sa passion. C'était moi. J'ai juste voulu dire à cette personne que je ne la méritais pas. Que je n'étais et ne suis toujours qu'une pauvre égoïste qui ne pense qu'à faire de la musique.»
On apprend que vous avez voulu vous suicider à 15 ans...
«J'étais jeune, désespérée, rien pour me retenir, pas d'attache... Paumée, quoi! Je n'ai pas eu de père, j'ai eu une mère très peu présente. Ce qui m'a manqué à l'adolescence, c'était de la compréhension. On ne croyait pas en moi. Moi j'étais persuadée que je ferais quelque chose de ma vie. Mais on disait: T'es bonne à rien!»
Cet album aurait-il pu être écrit par un rappeur homme?
«Pas du tout. Les thèmes sont très féminins et les hommes ont surtout une vision d'homme. Quand ils se lâchent, c'est plus rare. Ça reste des morceaux ovni sur un disque.»
Diam's, Dans ma bulle (EMI). En concert au Botanique (Bruxelles) le 31 mars prochain.
Propos recueillis par Karim Fadoul
© La Dernière Heure 2006
Diam's nous ouvre sa bulle. Son nouvel album passe en revue ses peines, ses joies, ses combats...
BRUXELLES Deux journées marathons que celles passées à Bruxelles par Diam's. Mercredi et jeudi derniers, la rappeuse française enchaînait les interviews et les rencontres avec les fans à l'occasion de la sortie de son tant attendu nouvel album Dans ma bulle, successeur de Brut de femme, gros carton commercial. Annonçons la couleur: jamais un acteur du hip-hop, une actrice dans ce cas-ci, ne s'est autant livré. Le voyage dans le passé, le présent et l'avenir de l'artiste est fait d'étapes joyeuses mais surtout douloureuses. De coups de gueule aussi venant d'une douce grande gueule...
Le nom de votre nouvel album donne le ton. Quel était l'objectif?
«Dans ma bulle a un double sens. C'est à la fois se protéger du monde extérieur mais aussi reconnaître que mon monde à moi n'est qu'une petite bulle par rapport à la terre entière. Je me rends bien compte que tout le monde n'a pas la même perception des choses que moi. Résultat: j'invite les gens à entrer dans ma tête, dans mon coeur. J'ai toujours ressenti le besoin de me conter sur feuille, mais pas de parler de moi. J'ai trouvé dans l'écriture un aspect thérapeutique. J'ai besoin de libérer mon mal, mes doutes, mes craintes, mes peines...»
Avez-vous déjà consulté?
«Oui. Je suis une enfant que les psys n'ont pas su apprivoiser. En fait, le rap a réussi là où les psys ont échoué. Quand je prends un stylo et une feuille, je le fais pour moi. Je ne pense pas du tout à l'exposition et au fait que mes écrits vont appartenir à d'autres. J'admets mes craintes et mes faiblesses. Ces acceptations font de moi quelqu'un d'humain et je comprends que des personnes puissent se retrouver dans mes chansons.»
Comment fait-on pour se relever d'un succès commercial comme celui de Brut de femme?
«On m'a fait comprendre qu'on m'attendait au tournant. Mais pour moi, il n'y a pas de tournant, il n'y a qu'une ligne droite. Je n'ai jamais fait de la musique pour connaître la gloire. Pendant un an et demi, je suis restée dans ma bulle. J'ai écrit au gré de la vie, des humeurs. Les gens ont apprécié ma sincérité dans Brut et j'ai juste décidé de rester la même.»
Dans Ma France à moi, vous dressez le portrait d'une France qui dérange. En êtes-vous consciente?
«En fait, je voulais dresser un parallèle entre la France que je fréquente avec ses modes de vie et les autres France. Notamment celle qui est décrite à l'étranger par la baguette, le vin, Les Choristes... La France gentille avec le héros parfait. Mais la France, c'est aussi celle qui laisse crever des personnes âgées durant la canicule.»
Votre France à vous est-elle suffisamment entendue?
«On ne la connaît pas. On n'a pas entendu la France qui s'est récemment exprimée par la violence. On n'a pas cherché à savoir pourquoi elle a gueulé. On lui a juste dit: soit tu arrêtes, soit on te met en prison.»
Dans Feuille blanche, vous évoquez votre égoïsme dans l'amour...
«Dans la vie, on a tout pour être heureux, mais l'amour ne suffit pas. Le conjoint fait l'effort d'être là, mais l'autre n'a qu'une idée en tête: assouvir sa passion. C'était moi. J'ai juste voulu dire à cette personne que je ne la méritais pas. Que je n'étais et ne suis toujours qu'une pauvre égoïste qui ne pense qu'à faire de la musique.»
On apprend que vous avez voulu vous suicider à 15 ans...
«J'étais jeune, désespérée, rien pour me retenir, pas d'attache... Paumée, quoi! Je n'ai pas eu de père, j'ai eu une mère très peu présente. Ce qui m'a manqué à l'adolescence, c'était de la compréhension. On ne croyait pas en moi. Moi j'étais persuadée que je ferais quelque chose de ma vie. Mais on disait: T'es bonne à rien!»
Cet album aurait-il pu être écrit par un rappeur homme?
«Pas du tout. Les thèmes sont très féminins et les hommes ont surtout une vision d'homme. Quand ils se lâchent, c'est plus rare. Ça reste des morceaux ovni sur un disque.»
Diam's, Dans ma bulle (EMI). En concert au Botanique (Bruxelles) le 31 mars prochain.
Propos recueillis par Karim Fadoul
© La Dernière Heure 2006
